La Géorgie : la perle attrayante du Caucase

La Géorgie, ce pays trop souvent confondu avec l’état américain, attire de plus en plus d’étrangers, que ce soit des entrepreneurs, des nomades digitaux ou des voyageurs. Vous songez à vous joindre à eux ? Ou vous êtes simplement curieux de ce qui les attire ? Cet article vous donne quelques éléments de réponse.

Une culture unique et ancienne

D’abord, nul ne peut évoquer la richesse de la culture géorgienne sans évoquer la ქართულიენა, la langue géorgienne : une langue avec un alphabet unique de 33 lettres qui aurait été adapté de l’Araméen au IIIe siècle et qui est caractérisée entre autres par six consonnes éjectives et des mots avec 4 ou 5 consonnes d’affilée.

En ce qui concerne la gastronomie, les riches saveurs géorgiennes parleront pour elles même si vous avez l’occasion de les découvrir, mais tout visiteur en Géorgie susceptible d’être invité chez des Géorgiens doit être prêt pour participer à une supra, un banquet traditionnel géorgien. Le rituel consiste à boire à chaque fois qu’un toast a été porté. Lors d’une supra traditionnelle, un homme appelé le tamada jouera le chef d’orchestre en prononçant des discours sur des thèmes qui s’enchaînent dans un ordre précis. Après ces toasts, il faut finir son verre de vin d’un seul trait et lorsqu’on boit à l’honneur d’une grand-mère décédée, il vaut mieux ne pas laisser une goutte. Vous ne voulez pas boire ? Il est alors conseillé d’avoir une bonne excuse préparée tel qu’un problème de cœur. Les femmes se chargent généralement de la cuisine et occupent un rôle secondaire lors du festin. Lorsque la supra est moins traditionnelle, les femmes sont plus inclues et les orateurs peuvent changer, donc vous pourrez préméditer un petit discours pour faire bonne impression.

Parmi les fiertés géorgiennes, on trouve aussi leur résistance aux nombreux envahisseurs, le ballet géorgien, le rugby, les paysages et le chant polyphonique géorgien. À souligner également, les traces de vin les plus anciennes au monde ont été trouvées en Géorgie et la méthode traditionnelle qui consiste à fermenter les vins dans des jarres d’argiles persiste aujourd’hui.

Un pays européen tourné vers l’UE, sous l’emprise de la Russie

Bien qu’elle soit sous la sphère d’influence de la Russie, cette ancienne république soviétique se tourne de plus en plus vers l’Union européenne. En effet, la population géorgienne se considère majoritairement « européenne » et les sondages indiquent que 80 % d’entre eux seraient favorables à son intégration à l’UE. Ces sentiments favorables envers l’Europe sont reflétés par les bonnes relations que le gouvernement géorgien entretient avec l’UE, à l’image des nombreux accords concernant le libre-échange, les visas, etc. Un touriste en vadrouille à Tbilissi verra l’illustration de ces bonnes relations à travers les nombreux drapeaux européens dans la sphère publique. Concernant la Russie, en revanche, ce touriste verra probablement l’aversion que les locaux ressentent envers l’influence russe sur le pays en lisant des tags tels que « 20 % de la Géorgie est occupée par la Russie ». C’est ainsi que les Géorgiens ont tendance à percevoir le soutient de la Russie envers les deux territoires séparatistes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, notamment depuis la guerre de 2008.

Relations franco-géorgiennes

Autre qu’un amour commun pour le vin et la gastronomie, la Géorgie et la France sont soudées par leur présidente, Salomé Zourabichvili, qui a la particularité d’être franco-géorgienne. Avec ses racines en Géorgie, mais ayant été éduquée en France, elle dit justement qu’elle peut « faire le pont » entre l’Europe et la Géorgie, ce qui aurait particulièrement séduit ses électeurs lors des élections en 2018.

Des valeurs traditionnelles

La majorité (83 %) de la population est chrétienne orthodoxe, mais il existe des minorités musulmanes (11 %), catholiques, juives, et de l’Église apostolique arménienne.

La société géorgienne est dans l’ensemble très patriarcale avec des rôles traditionnels souvent attribués à la femme et une liberté plus restreinte que les hommes. Lorsque j’y vivais, j’entendais régulièrement des garçons et filles qualifiés de « bon garçons » (k’argi bitchi, კარგი ბიჭი) et de « bonne filles » (k’argi gogo, კარგი გოგო) mais ces jugements semblaient deux poids, deux mesures. Le prototype de la k’argi gogo soigne bien son apparence, reste vierge jusqu’au mariage et cuisine bien les recettes de sa grand-mère alors qu’aux yeux du public, les hommes sont perçus comme masculins en perdant leur virginité jeune et doivent gagner de l’argent plutôt que gérer les tâches ménagères.

Ce patriarcat est accompagné d’un respect profond pour les femmes, notamment pour les mères et grand-mères. Tout interculturaliste sait que la langue et la culture sont inextricablement liés. En géorgien pour parler de la mère de quelqu’un, alors que l’ordre des mots serait normalement flexible, il est impératif de dire « dedashens » (littéralement : « mère ta », დედაშენს), plutôt que « sheni deda » (« ta mère », შენი დედა) qui constitue une insulte.

Un pays évoluant rapidement

Le minimum que l’on puisse dire, c’est que la Géorgie a évolué depuis la fin de l’ère soviétique. L’instabilité civile des années 90 a été caractérisée entre autres par la corruption, la faim, les gangs et par l’obscurité (au sens figuré et littéral dû aux pannes d’électricité). La révolution des Roses en 2003 a consolidé la démocratie en Géorgie et depuis, le pays connaît une ouverture sur le monde et un développement important avec une croissance économique annuelle de 5 % en moyenne entre 2005 et 2019. Ce développement est visible à travers la hausse du tourisme et une augmentation de boutiques de marques étrangères, de restaurants fast-foods, et d’autres symboles de la mondialisation.

Ayant vécu un an à Tbilissi et ayant travaillé dans une école géorgienne, j’ai aussi pu constater un écart qui se creuse entre les mentalités des jeunes générations et celles des anciennes. Sans vouloir trop généraliser, il semble qu’à l’inverse de nombreux ainés, beaucoup de jeunes soient plus ouverts d’esprit sur des sujets sociétaux comme le rôle de la femme et l’orientation sexuelle et que certains doutent de l’existence de Dieu. Ceci apparaît comme une occidentalisation des mentalités, certainement accélérée par Internet, qui touche davantage les jeunes que les anciens de l’époque soviétique.

Un pays attractif pour les expats et les affaires

Avec un bas coût de vie et un excellent accès à Internet, beaucoup d’entrepreneurs et de nomades digitaux profitent des opportunités d’expatriations proposées par le gouvernement. En effet, il permet actuellement aux citoyens de 98 pays, membres de l’UE inclus, de résider en Géorgie pendant un an sans visa.

La Banque mondiale réalise chaque année un classement de pays avec un indice de la facilité de faire des affaires se basant sur les réglementations imposées aux entreprises. Le dernier classement (2019) plaçait la Géorgie à la 7e place, en faisant le premier pays européen derrière le Danemark.

Autre avantage, la Géorgie est devenue un pays très sûr, malgré des souvenirs de forte insécurité des années 1990. Le site numbeo.com attribut à la Géorgie le 10e taux de sécurité le plus haut du monde en 2021, plaçant le pays bien en tête de la France, la Norvège, ou encore la Nouvelle-Zélande.

Concernant les langues, l’anglais devient de plus en plus véhiculaire notamment parmi les jeunes générations puisque son enseignement est obligatoire à l’école. Le russe est également parlé par la majorité des Géorgiens et par tous ceux ayant vécu pendant la période soviétique, lorsque le russe était imposé à la population.

Par Eizo Lang-Ezekiel

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